Mathieu Allante & Christian Boulanger

Jura
Gizia

Mathieu Allante & Christian Boulanger

De la démocratisation du vin naturel

 

Duo relativement discret de la scène viticole naturelle, Mathieu Allante et Christian Boulanger élaborent pourtant certaines des meilleures bouteilles du Jura. Engagés sur le plan écologique et citoyen, ils produisent des vins authentiques destinés en priorité aux copains et ensuite aux professionnels.
19 mars. Direction Gizia, sous le soleil et la bise, il fait clairement froid… mais beau. La nuit plutôt calme nous permet, une fois n’est pas coutume, d’arriver à l’heure et relativement frais à Gizia, petite commune de 200 habitants, nichée dans le Sud Revermont. Quelques maisons, une église, une rivière et des paysages vallonnés jusqu’à la reculée longue de deux kilomètres, laissant apparaître de magnifiques et austères falaises de plus de 200 mètres de haut. La particularité de ces dernières est qu’elles sont orientées Est-Ouest, ce qui fait qu’un versant est exposé plein Sud et l’autre plein Nord. Le versant plein Sud est propice à la culture du raisin et on comprend mieux pourquoi Mathieu Allante et Christian Boulanger cultivent une partie de leurs vignes ici. Nous montons l’escalier en bois d’une ancienne maison pour arriver au premier étage, retrouver un ami commun, Etienne, et rencontrer Mathieu.

“Ici, c’est de la culture paysanne, tout le monde a son bout de vigne.”

« On a commencé en 2005, avec trente ares de vigne sur Gizia. Puis, au fur et à mesure, on a récupéré des parcelles qu’on nous proposait. Jusqu’en 2016, on est resté avec un hectare. Durant les cinq premières années, en plus, on n’avait pas de cave. Moi, je vivais dans mon camion, donc, je n’avais pas d’endroit pour faire les vins. On nous prêtait un bout de cave ici, un autre un peu plus loin… J’aimais bien vivre dans mon camion. Bon, c’est vrai, l’hiver c’était un peu rude, car il faisait sacrément froid. Je me chauffais au poêle à bois, mais le matin, si j’avais plus rien dans le feu, ça caillait. J’ai déjà eu des températures négatives le matin. Avec la neige en plus, t’es pas près de bouger. Le gaz était gelé, car à l’époque, j’avais pas de propane, donc le café qui réchauffe, tu oublies ! Heureusement, j’avais cette combinaison intégrale qui appartenait à mon père, en double peau. Il utilisait ça quand il faisait de la spéléo. Mais l’été, quel pied. La vue magique, les couchers de soleil, c’est magnifique (avec le sourire). En tout cas, jusqu’en 2016, on ne trouvait pas de vigne. Au début, ce n’était pas gênant, parce qu’on y arrivait comme ça, mais en 2010, on aurait bien aimé en avoir un peu plus. Mais il n’y avait rien à vendre. Il a fallu attendre 2016 qu’un vigneron de Rotalier, Guy Boulet, décide de vendre 75 ares à des jeunes. Donc grâce à lui, on a réussi à en choper un peu. Bon, il faut dire qu’ici, ça n’a pas la même valeur qu’à Arbois. Ici, c’est de la culture paysanne, tout le monde a son bout de vigne, mais tu ne fais pas que ça. Le Sud Revermont, c’est comme ça. Tu le vois bien d’ailleurs, même dans les bâtiments, c’est plus bourgeois dans le nord du Jura. »

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