Mito Inoue

Auvergne
Montaigut-Le-Blanc

Mito Inoue

Entre rêve et chimère

Certains sont prêts à l’impossible pour concrétiser leurs rêves les plus fous. A traverser des océans, à se couper de tout, à s’isoler même. Peu importe s’ils sont les seuls à y croire, seule compte leur vision.
“Ah bon, vous avez déjà bu mes vins ?” Même Mito Inoue semble étonnée quand on lui dit que l’on a eu l’occasion de déguster deux de ses vins. Cela vous éclaire sur la rareté extrême de ses bouteilles. Les vins de cette intrigante Japonaise installée en Auvergne, on en parle plus souvent que l’on en croise et on en boit encore plus rarement. Il faut dire qu’avec une production annuelle ne dépassant jamais les six cent bouteilles, il faut se lever de bonne heure, faire preuve d’abnégation, de persévérance et avoir un réseau de contacts infiltrés du niveau de celui des meilleurs barbouzes de la DGSE pour réussir à exfiltrer d’une cave quelques centilitres de jus de raisin vinifiés par la vigneronne de Montaigut-Le-Blanc. Une fois rentré de mission, la capsule expulsée, encore faut-il que ce soit bon. Car nous en connaissons tous des vins rares, chers, souvent les deux, et qui, au final, vous procurent autant d’émotion qu’un jambon sous nitrites. Soyez rassurés, avec les vins de Mito Inoue, nous sommes loin, très loin, d’un produit standardisé sans âme ou d’un jus nature désordonné aux défauts trop flagrants. Les deux vins que j’ai eu l’occasion de boire sont de vrais grands souvenirs de dégustation. La première fois, c’était chez Fred Camdjian dans son restaurant bar à vins de Strasbourg, le bien-nommé Jour de Fête. Je me souviens des mots de mon acolyte ce soir-là : “Tu vois, je bois du vin pour ce genre de moment, pour boire ce genre de vin”. Je partageais évidemment la sagesse de son analyse même si elle ne fut pas exempte de toute ivresse. La bouteille de Froufrou (2013) s’était étrangement évaporée en quelques minutes. Ma deuxième expérience eut lieu chez un autre Fred, Henry cette fois-ci, mon ami caviste de Beaune. Nous étions dans son jardin en compagnie de deux vignerons de la Côte de Beaune, François de Nicolay du domaine Chandon de Briailles et Pierre Fenals de la Maison En Belles Lies.

“Depuis 2015, je n’utilise ni soufre ni cuivre.”

Le gamay d’Auvergne, Vespertine (2014), fut servi à l’aveugle par notre hôte. Silence autour de la table, ce qui arrive aussi fréquemment qu’un jour de vendange à l’eau plate. Le nez, incroyable de fraîcheur et de délicatesse est captivant. La couleur, un beau orangé lumineux, laisse perplexe. ‘‘Ça a l’air vieux… mais en bouche il y a une incroyable énergie… en fait, c’est jeune.’’ Oui, c’était jeune, soyeux, floral, envoûtant. Sans aucun doute le vin de la soirée et pourtant les candidats étaient sérieux (Ploussard de Pierre Overnoy, Puligny de Renaud Boyer, Vosne-Romanée d’Emmanuel Rouget, Grandes Orgues de l’Arbre Blanc, Pineau d’Aunis de Robinot, ‘‘910’’ de Julien Guillot…). Les amoureux de beaux pinots noirs ont tendance à snober le gamay, ce punk sans lettre de noblesse, parfois rustique, souvent mal élevé, mais quand il rencontre un terroir et un vigneron qui sait le dompter, la magie opère. Avec Mito Inoue, on entre pleinement dans le fantastique.

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Livre relié – 252 pages
Format : 28 x 2 x 21 cm
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  • Ses grands souvenirs de dégustation

    « J’aime les vins légers. J’adore les Jura d’Etienne Thiebaud par exemple, notamment son poulsard 16. Un de mes plus grands souvenirs de dégustations c’est d’ailleurs un plousard. C’était un 1986 de Pierre Overnoy. On aurait dit un grand Bourgogne. Un nez et une bouche puissantes, énergétiques. Le vin a continué d’évoluer lentement dans le verre, c’était fabuleux. Je n’ai jamais bu un vin comme ça depuis. Sinon, une fois, je me souviens avoir bu une Romanée Conti au Japon, mais c’était dans des conditions terribles. Il devait être deux ou trois heures du matin, j’avais déjà beaucoup bu, j’étais fatiguée… Et pourtant, ce vin, je m’en souviens comme si c’était hier. C’était incroyable. Je me suis dit ‘‘Mais qu’est-ce que je suis en train de boire ?’’. Ça m’a réveillé d’un coup. On aurait dit une eau faite de pure énergie. Un vin simplement divin. »

  • Ses Cuvées

    Mitologie et CHICCI (rosé) (2011) : Gamay
    Plume (2012) : Gamay
    Froufrou (2013) : Gamay
    Vespertine (2014) : Gamay
    Pas encore en bouteille (2015) : Gamay
    Orbs (2016) : Gamay