Réveil brumeux ce mardi de septembre. Comme souvent après une soirée post-vendanges. Nous avons rendez-vous avec Vincent Tricot qui vient de lancer les hostilités sur sa parcelle de pinot noir. ‘‘Vous pouvez venir à partir de sept heures, on y sera avec l’équipe.’’ Je demande à Harry de doubler la dose de café… Les vignes de Marie et Vincent sont situées sur de beaux coteaux escarpés à quelques minutes d’Orcet. A notre arrivée, comme prévu, les sécateurs coupent en cadence dans le plus grand silence. Pour certains des vendangeurs, la nuit a également été courte. Les caisses bicolores font des va-et-vient dans les rangs. La longue silhouette élancée de Vincent se détache du groupe et vient à notre rencontre. Regard clair, mâchoire saillante, petit sourire en coin, il nous tend un verre gobelet et le remplit d’un joli jus clair. ‘‘Tenez les gars, ça va remettre les pendules à l’heure.’’

“Je n’aime pas les vins qui se la pètent.”

Nous resterons une bonne partie de la journée avec Vincent et son équipe à discuter, échanger, essayer de comprendre qui il est et ce qu’il fait. Ce premier geste des plus anodins me reviendra à l’esprit quelques semaines plus tard. Le fait de partager à notre arrivée un joli pinot noir dans les verres les plus basiques qui soient illustre parfaitement la personnalité de ce vigneron sans fioriture, sans mise en scène. Vincent aime, produit et partage avec ceux qui l’entourent le vin le plus simplement du monde, pour ce qu’il est, ce qu’il apporte aux relations humaines et rien de plus.